Ancre d'arbre

Le basique engendre les vicissitudes de ses agonies. Elle va enfanter, c'est certain. Son enfant de mot aura le visage de l'horizon, flou. Des tonnelles d'argent protègent son dessein. De questions en questions l'esprit s'éparpille dans les doutes. Assiégée de remords, elle noue les herbes des sorcières dans ses cheveux. Elle chantera des dérives de sens. Au clair de lune, les louves hurlent des incantations. Le feu crépite dans l'âtre de son intérieur sauvage. Dans la roche, elle taille des effigies à la terre mère. Formes généreuses et ossatures anguleuses se côtoient sous des étincelles de marbre. Une lumière la transperce soudainement. Un glaive de feu dans la poitrine, une entaille amoureuse. Elle s'allonge sur un lit de mousse humide. Un manteau végétal sur sa peau, chêne dans une clairière. Les racines plantées dans le terreau vers une source souterraine. Ses feuilles font un bruit de grelot,  le vent s'aventure sous sa robe. Elle est là, dans la présence, l'arbre la berce sous son corps de sève. Un dialogue sans mot, juste ses sens. Quelquefois, elle revient à l'endroit de sa naissance. Ce point d'ancrage en terre.